Souha Béchara -- Mon Histoire

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Souha Béchara

Icône de la résistance

La cellule fait 1m 80 x 80. Quand il pleut, elle se remplit d’eau et Soha se met dans un coin pour ne pas être inondée. Elle y passe six hivers en isolement avant de partager avec six autres détenues une pièce de 2m 25 x 2m 25. Elle y survit grâce à sa foi en son action, à l’activité physique, mille allers-retours chaque jour, et à la présence des autres détenues qu’elle rencontre d’abord uniquement par la voix. Elle tient aussi un journal sur du papier toilette. Son crayon est fabriqué avec l’emballage en aluminium de portions de vache qui rit. Avec ces femmes et ces hommes qui partagent son quotidien de prisonnière, elle apprend une partie de son histoire qui lui a échappé, celle du Sud-Liban sous occupation. Elle note leurs histoires sur les murs et dans son journal. Petite, Soha a souvent entendu répéter sa grand-mère dire « les Israéliens vont venir voler notre terre ». Sa famille est originaire de Deir Mimas, un village frontalier dans lequel poussent des oliviers millénaires. Le vieux pont Khardali craque quand des voitures le traversent. À quinze ans, Soha manifeste le long de la rue Hamra, à Beyrouth, pour protester contre l’assassinat d’une figure de la résistance commis par les Israéliens. À dix-sept ans, elle s’infiltre au sein de la société qui a décidé de collaborer avec Israël. Au club de sport, elle apprend que Minerva, la femme du chef de milice Antoine Lahd cherche un professeur d’aérobic. Soha s’achète des cassettes de Jane Fonda, s'entraîne quelques nuits, souffre de courbatures mais obtient le poste. Elle devient une habituée de la maison, s’adresse à eux en français, rit à leurs blagues même si elles sont douteuses. Elle attend le moment pour tirer sur cet homme qu’elle accuse d’être plus israélien que les Israéliens. Elle veut atteindre directement sa cible et refuse de placer une bombe qui pourrait tuer d’autres personnes. Un jour de 1988, l’opportunité se présente. Elle le blesse. Il ne meurt pas. Elle est emprisonnée dix ans sans procès. Torturée, maltraitée, elle ne cède pas. Le jour de sa libération, elle est accueillie par une foule de 15000 personnes. Soha n’a jamais regretté son geste. Elle a inspiré le dramaturge Wajdi Mouawad pour l’écriture d’Incendies et a elle-même écrit deux livres pour préserver la mémoire des personnes qui ont été incarcérées à la prison de Khiam : Résistante et La fenêtre.

Région d'origineBeyrouth

Date de naissance1967

Sais-tu que ?En juillet 2006, les premières frappes israéliennes détruisent la prison de Khiam, où régnait le “non-droit”, comme pour effacer son existence.

Fait marquantPendant la guerre civile libanaise, Soha Béchara s’est engagée dans une opération menée au nom de la résistance. Elle a tenté d’assassiner à bout portant Antoine Lahd, chef de l’Armée du Liban Sud, milice libanaise entraînée et financée par Israël.

Citation“La loi ne serait pas la loi si elle était taillée à la mesure de chaque individu [...]. La bataille de la femme est aussi la bataille de l’homme. Ma bataille, c’est pour la dignité et nous n’aurons cette dignité que quand nous traiterons nos hommes et nos femmes de manière égale.”

À venir...

Son portrait est dessiné par: Kamal Hakim

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