Saloua Raouda Choukair -- Mon Histoire

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Saloua Raouda Choukair

Un siècle d’art

Saloua naît en 1916 à Beyrouth. Le Liban n’est pas encore reconnu comme un État. Une terrible famine frappe alors le Mont-Liban et dure quatre ans. Quand l’indépendance du pays est proclamé en 1943, Saloua a vingt-sept ans. Elle voyage au Caire où elle découvre l’art islamique. Elle peint déjà et s’intéresse à l’architecture. Elle a pris des cours avec le peintre impressionniste Omar Onsi mais s’est vite rendue compte que l’art figuratif ne l’intéresse pas. Elle aime la philosophie, l’abstraction et l’idée de l’infini. Elle aime l’art, sa famille et son pays qu’elle parcourt en voiture. Quand l’architecture d’une vieille maison traditionnelle l’attire, elle s’arrête, frappe à la porte et demande à la visiter. Curieuse de l’autre, des différentes régions libanaises et des manières d’habiter son intérieur, Saloua passe de longues heures dans son atelier. Travailler avec ses mains la rend profondément heureuse. Elle peint, sculpte et fabrique même des meubles pour y ranger ses outils. Elle imagine ses sculptures comme des poèmes arabes dans lesquels chaque vers a un sens particulier et tous les vers réunis un autre sens. Curieuse des matières, elle visite des usines de fabrication de bois, de bronze, de verre, pour comprendre le vécu de chaque matériau. Elle s’intéresse à la physique et son amie physicienne Salwa Nassar lui prête des livres qui l’aident à réaliser des sculptures dans lesquelles elle teste l’équilibre et la tension. Pionnière en art abstrait, Saloua ne suit pas non plus les traditions de son époque où les femmes se marient jeunes et ont leur premier enfant avant vingt-cinq ans. Elle donne naissance à sa fille Hala à quarante-et-un ans. Cette artiste qui militait pour montrer que son pays était moderne et qui rêvait de donner un visage contemporain à l’art arabe n’a été entendue et reconnue véritablement qu’à la fin des années quatre-vingt-dix. Elle a beaucoup souffert de l’incompréhension face à son œuvre et du manque de reconnaissance mais cela ne l’a pas empêché de travailler et de marquer son siècle. En octobre 2019, alors que des milliers de manifestants se révoltent contre la dégradation de la situation économique au Liban, beaucoup de contestataires qui passent par le jardin du prophète dans le centre de Beyrouth ont côtoyé une de ses sculptures monumentales sans être conscients de l’aspect révolutionnaire de cette œuvre.

Région d'origineBeyrouth

Date de naissance24/06/1916

Sais-tu que ?Sa fille Hala travaille à la création d’une fondation dédiée à l’œuvre de sa mère à Ras el Maten, dans le Mont-Liban. Y seront exposées ses archives et ses sculptures dans un jardin. Elle a choisi ce village car Saloua aimait beaucoup la montagne et les pins.

Fait marquantConsidérée comme la première artiste abstraite au Liban, l’intérêt pour son œuvre a été tardif. C’est seulement à partir des années 2000 que des expositions lui sont consacrées de par le monde, dans des musées prestigieux.

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Son portrait est dessiné par: Diala Baassiri

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