Randa Chahal Sabbagh -- Mon Histoire

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Randa Chahal Sabbagh

Réalisatrice au service de la vérité

Un jour, dans un avion qui survole Paris, un steward annonce qu’on a de la chance d’arriver bientôt à bon port ; les Israéliens viennent d’envahir le Liban. Tous les passagers sont rassurés sauf Randa Chahal qui débarque pour embarquer illico presto sur un vol pour Athènes, un autre pour Chypre. Elle y prend un bateau pour Jounieh et puis direction Beyrouth. Elle traverse le passage du musée en courant, arrive chez elle, s’assoit sur une chaise pour reprendre son souffle. Elle est soulagée d’être rentrée. Beyrouth est faite pour être quittée aux accalmies quand la ville devient pesante, quand sa laideur devient accessible. Dans les moments difficiles, il faut se tenir auprès d’elle et la filmer. C’est ce qu’elle se dit. Randa a grandi à Tripoli, une ville qu’elle quitte à dix-sept ans pour la France pour étudier le cinéma qu’elle a découvert au centre culturel français en regardant les films d’Antonioni, entre autres. Elle ressent le besoin d’élargir son horizon et de nourrir son imaginaire. Dans sa famille on est activiste, on parle de la guerre du Vietnam au petit déjeuner et Randa participe au combat à sa manière. Un jour, elle entre dans un cinéma pour manifester contre la projection du film Les Bérets verts. Elle jette des œufs, déchire les sièges tout en s’imprégnant de la magie de la salle. Elle sait qu’elle est faite pour raconter des histoires sur grand écran. Ce sera aussi sa manière de s’engager. Dire la vérité dans un pays où les gens mentent. Elle le fait si bien que la Sûreté Générale libanaise décide de couper 47 minutes sur 97 de son film Civilisées. Elle aurait aimé faire des films policiers, parler d’autre chose que de la guerre mais l’histoire de son pays en a décidé autrement. Elle a filmé la guerre sans s’en rendre compte, amassant des heures de rushes aujourd’hui sauvegardés en France. Elle a filmé la guerre pour s’en protéger et se sentir vivante. Elle meurt à cinquante-quatre ans, travaillant jusqu’au bout, ne laissant pas ses collaborateurs deviner sa maladie. Stoïque comme elle l’a toujours été !

Région d'origineTripoli

Date de naissance11/12/1953

Sais-tu que ?Randa Chahal est née d’un mariage mixte, d’un père musulman sunnite et d’une mère chrétienne. Sa famille est laïque. Randa Chahal a aussi réalisé un film documentaire sur Soha Bechara, portrait d’une résistante - et en plus elle chante.

Fait marquantPionnière dans le cinéma libanais, son film “Le Cerf-volant” a reçu le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise, en 2003. Parmi ses films célèbres “Nos guerres imprudentes” et “Civilisées”. Elle est nommée Chevalier de l’ordre du Cèdre.

CitationJe voulais faire des comédies, mais je suis née dans une région tragique. Pourtant, si on ne dit pas les choses dramatiques avec un peu d’humour, ça ne passera pas. […] La guerre était notre guerre et nous ne devons pas jouer aux innocents. A moins de prendre collectivement notre part de responsabilité pour chaque balle tirée, nous ne deviendrons jamais une nation.

À venir...

Son portrait est dessiné par: Mohamad Kraytem

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