May Ziade -- Mon Histoire

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May Ziade

La penseuse aux mille noms

Le Caire, un mardi de novembre 1922, Khalil Moutran, Taha Hussein et Ahmed Shawki s’engouffrent les uns après les autres dans l’immeuble qui abrite le célèbre journal Al-Ahram. Ce soir, le salon littéraire initié et animé par Mademoiselle May réunira de nouveau penseurs, auteurs, hommes de religion… pour discuter actualité politique et littéraire. May fascine son auditoire. Dans une société patriarcale qui craint que les études n’entravent le mariage ou la féminité, elle lit, écrit, défend ses idées. May sait que l’émancipation viendra de l’éducation à laquelle elle consacre de nombreux articles dont « Comment je veux que l’homme soit ». L’éducation rend libre et permet de choisir. Sa coupe de cheveux, ses amis, les mots à prononcer en public… May a déjà consacré deux biographies à deux figures centrales du féminisme arabe, Malak Ḥifnī Nasīf, première enseignante en Égypte et Aïcha Taymour, écrivaine. Elle croit en une histoire des femmes racontée par des femmes. Elle veut révéler l'âme de la femme dans ce qu'elle écrit d'elle-même non dans ce que les hommes ont écrit d'elle. Éprise de liberté, elle ne se doute pas que son cousin la fera interner en 1935 : May qui a perdu en quatre ans ses deux parents rentre au Liban et lui demande son aide. Avide de saisir sa fortune, il la pousse à le désigner comme tuteur et la fait enfermer dans un hôpital psychiatrique. Elle se battra en écrivant un journal qui lui sera volé puis en faisant une grève de la faim. Habib Abou Shehla, avocat qui participera à la lutte pour l’indépendance du Liban réussira à la sortir de l’asile. L’auteur Amine Rihani l’encouragera à donner une conférence à l’Université américaine de Beyrouth en 1938 pour prouver qu’elle est saine d’esprit. Elle le fera et sera ovationnée. Malheureusement, ces épreuves auront raison d’elle et elle mourra seule au Caire en 1941. Moins de dix personnes assistent à son enterrement ; ils sont en revanche très nombreux aujourd’hui à s’intéresser au parcours et aux écrits de cette femme exceptionnelle, pionnière du féminisime orientale et figure clé de la Nahda, la renaissance arabe. Des écrits parfois insaisissables car May avait la curieuse habitude de signer par des pseudonymes comme Sindibad, Isis Copia ou Aida. Nombre de ses œuvres nous échappent toujours.

Région d'origineBeyrouth

Date de naissance01/01/1886

Sais-tu que ?May Ziadé et Gibran Khalil Gibran ont entretenu pendant des années une correspondance dans laquelle ils échangeaient autour des arts, de la littérature, la nature, la femme,… Ils ne se sont jamais rencontrés. Cela n’a pas empêché Gibran de dessiner le portrait de May à partir d’une photo qu’elle lui avait envoyée.

Fait marquant

Première libanaise à poser le problème de la condition de la femme arabe, pionnière du féminisme orientale.

CitationJe ne comprends pas ce qu'ils veulent dire en attribuant la faiblesse à la femme : derrière toute prospérité, je ne trouve que l'influence de la femme.

À venir...

Son portrait est dessiné par: Noémie Naoumi

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