Jocelyne Saab -- Mon Histoire

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Jocelyne Saab

À l’écoute des malheurs du monde

30 août 1982, l’Atlantis s’éloigne du port de Beyrouth. Les silos deviennent de plus en plus petits. Le bateau se dirige vers la Grèce avec à son bord Yasser Arafat et ses compagnons de lutte. Jocelyne Saab est la seule journaliste à bord qui filme ce moment historique. Ce n’est pas la première fois qu’elle est face à un homme de pouvoir. En 1973, à vingt-cinq ans, elle est envoyée comme interprète en Libye. Comme le réalisateur qui devait l’accompagner ne vient pas, elle réalise elle-même le portrait de Mouammar Kadhafi. Ce documentaire lui permettra de travailler ensuite pour plusieurs chaînes de télévisions internationales. A l’époque, il y a peu de femmes reporters de guerre. Jocelyne doit ses débuts dans le monde du journalisme à Etel Adnan qui dirige les pages culturelles du journal Al Safa et qui l’engage comme assistante en 1972. Etel lui conseille de toujours aller sur place observer les petites choses et l’envoie faire un reportage sur les flippers des cafés de Beyrouth. Petite, elle habite une maison-musée. Chaque objet lui raconte une période unique de l’histoire du Liban, paléolithique, phénicienne, romaine… et lui apprend combien ce patrimoine qu’elle connaît si peu est riche. Elle fréquente une école chrétienne et ne prend conscience de la diversité communautaire de son pays et des conflits qui agitent la région qu’au moment de ses études universitaires. C’est le début de la guerre et des étudiants viennent en cours, un revolver à la ceinture. En 1975, elle a envie de raconter son pays, qu’elle connaît peu. Elle fait le tour des différentes milices, armée d’une caméra. Pendant dix ans, Jocelyne filme la guerre du Liban puis couvre d’autres conflits. En 1985, elle se tourne vers la fiction pour mettre à distance la mort et l’horreur, même si ses films abordent des sujets tragiques. En 2005, elle réalise Dunia qui dénonce l’excision des femmes en Égypte. Le film est censuré et la réalisatrice menacée de mort. Journaliste, réalisatrice, photographe, libre, courageuse, Jocelyne a toujours senti qu’elle devait mettre en lumière des sujets qui dérangent pour questionner, mais aussi pour redonner de la dignité aux femmes, aux hommes et aux enfants qu’elle rencontrait.

Région d'origineBeyrouth

Date de naissance30/04/1948

Sais-tu que ?Jocelyne a lancé un vaste projet de reconstitution de la cinémathèque libanaise dans le cadre de son projet “Beyrouth, mille et une images”. “L’association des amis de Jocelyne Saab” a été créée à la mort de la réalisatrice pour archiver, restaurer, préserver et faire connaître son œuvre qui comprend 47 films et 6 séries photographiques.

Fait marquantRéalisatrice pionnière du “nouveau cinéma libanais”, dans les années soixante-dix. Parmi ses documentaires et films célèbres : Les Enfants de la guerre, Beyrouth, ma ville, Une vie suspendue, Dunia…

Citation“Que ce soit en Égypte, en Libye ou ailleurs, j’ai rencontré de nombreux chefs d’État. Il y avait peu de femmes à l’époque, donc j’intéressais en tant que journaliste ces grandes personnalités politiques. Elles ne m’impressionnaient pas particulièrement, mais elles m’ont permis de mieux saisir certaines situations. J’ai eu la chance d’avoir pu rendre compte de certains nœuds de l’histoire, ce qui me donnait une conscience encore plus forte de ce que je devais donner."

À venir...

Son portrait est dessiné par: Kamal Hakim

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